Alors qu'Ace avait été happé par une ombre inconnue, Picto, lui, resta derrière, seul à faire face à ce qui s'annonçait comme une véritable armée.Des soldats d'Hydra jaillirent des ténèbres, encerclant le loup argenté et Nyssa, toujours en transe au centre du parking. Ils étaient au moins une centaine, peut-être plus — tous vêtus de noir, casques hermétiques, fusils d'assaut en main, armés de grenades et protégés par des exosquelettes de combat.
Leurs pas résonnaient sur le béton, lourds et parfaitement synchronisés, comme un seul organisme en marche. Leurs visières rouges luisaient dans la pénombre, donnant à la scène un air d'enfer métallique.
Picto se redressa, ses deux têtes grondant à l'unisson.Son poil se hérissa, et une lueur dorée commença à s'enrouler autour de lui. Les flammes jaillirent de sa gueule de serpent, s'élevant en un cercle protecteur autour de Nyssa.Le feu, d'un or presque liquide, crépitait doucement, formant une barrière impénétrable.
— Tu ne la toucheras pas… grogna la bête, ses mots se perdant dans un rugissement caverneux.
Et sans attendre, Picto bondit.
Il retomba sur le premier soldat avec la force d'un obus. D'un coup de mâchoire, il lui arracha la tête. Le sang jaillit en une gerbe écarlate, éclaboussant les uniformes autour.Les autres n'eurent pas le temps de réagir. La queue-serpent siffla dans les airs, frappa deux soldats à la poitrine — et aussitôt, leurs corps se figèrent, changés en pierre.
Ce fut le début du massacre.
Les balles fusaient dans toutes les directions, ricochant sur les murs, perçant les corps.Mais Picto bougeait trop vite.À chaque saut, à chaque bond, il déchirait, écrasait, brisait. Ses griffes taillaient les exosquelettes comme du papier, et chaque rugissement faisait trembler le sol.Les soldats, paniqués, tiraient à l'aveugle. Certains abattaient leurs propres camarades.
Le combat dura cinq longues minutes.Cinq minutes de hurlements, de flammes, de coups de feu et de cris étouffés.L'air empestait la poudre, le sang et le métal brûlé.
Un soldat, plus audacieux que les autres, tenta de franchir le cercle doré pour atteindre Nyssa.Il fit un pas… puis un second…Dès qu'il effleura les flammes, son corps se figea, se cristallisa — et se transforma en statue de pierre avant de s'effondrer en poussière.
Le loup et le serpent : deux têtes, deux pouvoirs.L'une guérissait la chair, l'autre pétrifiait la vie.
Quand le dernier tir s'éteignit, le parking n'était plus qu'un charnier.Les cadavres s'entassaient par dizaines, déchiquetés, calcinés ou pétrifiés.Le béton autrefois gris était désormais rouge, maculé de sang et de chair.Des membres tranchés gisaient un peu partout, et les statues de pierre affichaient, à jamais, des expressions d'effroi figées dans l'éternité.
Picto, haletant, sa fourrure argentée devenue rouge sombre, revint vers Nyssa.Le cercle de flammes se dissipa doucement à son approche, et il s'allongea contre elle, posant sa tête lourde sur ses cuisses.Son regard se fit doux, presque protecteur.
Nyssa, elle, n'avait rien perçu du carnage.Toujours en transe, les runes bleues sur sa peau pulsaient faiblement.Elle cherchait encore, prisonnière du flot du temps.
Pendant ce temps, à une centaine de mètres de là, Ace reprenait ses esprits.La silhouette qui l'avait happé l'avait projeté dans une pièce isolée, à moitié effondrée.L'obscurité y était totale. L'air, froid et humide, empestait la mort.
Il leva la main et fit apparaître une flamme blanche et noire dans sa paume.La lumière vacilla, révélant lentement l'horreur du lieu.
Les murs étaient couverts de griffures profondes, comme si des dizaines de créatures avaient tenté de s'en échapper. Des phrases, des supplications et des cris d'agonie étaient tracés avec du sang séché.Certaines lettres dégoulinaient encore, lentes, visqueuses.Le sol était jonché d'os brisés.
Ace serra la mâchoire.— On dirait le décor d'un cauchemar…
Mais le pire n'était pas les murs.
Ce fut ce qu'il vit en face de lui.
Une créature se tenait debout, immense, déformée, haute d'au moins quatre mètres.Son corps semblait composé de chair mal soudée, d'os tordus et de veines apparentes.On aurait dit qu'un squelette humain avait été recouvert d'une peau trop grande pour lui — comme un drap de chair qu'on aurait jeté à la hâte.Ses bras se terminaient par des mains aux doigts interminables, chaque phalange terminée par une griffe noire et courbée, aussi longue qu'une lame.
Mais le pire…C'était sa tête.
Elle était couverte d'yeux — des dizaines d'yeux minuscules, mouvants, qui se tournaient tous vers Ace.Et sa bouche, ou plutôt ses bouches, s'ouvraient en deux rangées imbriquées, chacune hérissée de dents fines, translucides et acérées.À l'intérieur, on pouvait entendre un bruit de claquement humide… comme si la créature salivait déjà.
Ace fit un pas en arrière.Son cœur battait si fort qu'il lui semblait résonner dans la pièce.
Puis, la chose poussa un cri.
Un hurlement inhumain, si strident que le son sembla lacérer l'air lui-même. Les murs vibrèrent, la flamme d'Ace faillit s'éteindre.Le cri était si aigu, si déchirant, qu'il couvrait toute pensée.
Ace se couvrit les oreilles, sonné.Et c'est à ce moment-là que la créature bougea.D'un bond prodigieux, elle le frappa d'un coup de pied monstrueux.
L'impact fut si violent qu'Ace fut projeté à plusieurs mètres.Son corps traversa une cloison et alla s'écraser contre un mur de béton, qui se fissura sous le choc.
Le souffle coupé, il cracha du sang et leva les yeux.La créature s'approchait lentement, chaque pas résonnant comme une cloche funèbre.