En Sokovie, dans une forêt balayée par un blizzard, Ace et le monstre s'affrontaient toujours. Leur dernier choc avait dégagé une telle onde de puissance que la neige s'était entièrement soulevée dans un rayon de trente mètres.
Le monstre attaqua le premier. Il ouvrit sa gueule béante, laissant apparaître une langue longue et acérée comme une lance, qui jaillit droit vers le visage d'Ace. Celui-ci inclina la tête au dernier moment ; la pointe effleura sa joue, y traçant une fine coupure écarlate.
Ace sentit la brûlure, mais ne recula pas. Au contraire : il utilise l'inertie de son esquive pour pivoter sur lui-même et frapper d'un grand coup d'épée le flanc de la créature. La lame fendit la chaise, arrachant un rugissement bestial. Le monstre recula d'un pas, mais la blessure se referma aussitôt, ne laissant qu'une entaille superficielle.
Le monstre s'immobilisa, baissant la tête pour observer sa plaie qui se refermait lentement avant de disparaître totalement. Puis, levant son visage couvert d'yeux, il émit un son étrange — un grognement guttural qui apparaît à une parodie de rire.
Ace l'entendit et, contre toute attente, sourit. Ce rire moqueur résonnait comme un défi. Il sentait la colère remonter, cette même rage enfouie depuis l'incendie de l'orphelinat.
Mais la voix d'Ulysse résonna dans son esprit :
« Souviens-toi des leçons sur les flammes. La colère est un carburant, pas un outil. »
Ces mots le calmèrent. Ace inspira profondément, cherchant une faille dans le monstre.
Celui-ci ne lui en laissa pas le temps : il chargea à une vitesse fulgurante, enchaînant des coups de griffes meurtriers. Ace para de justice, reculant sous la pluie d'attaques. Les impacts faisaient trembler le sol à chaque choc.
Pendant de longues secondes, il ne fit que subir,bloquant et esquivant sans répit. Puis, peu à peu, son rythme changea. Ses mouvements devinrent plus précis, plus légers. Il cessa de combattre comme un humain ordinaire. Il cessa de se battre comme le gladiateur des arènes clandestines qu'il avait été.
Ulysse, amusé, lance :
« Arrêté de te battre comme dans une arène. Là, c'est ta vie qui est en jeu. Utilisez ce que vous venez d'apprendre. »
Ace fronça les sourcils, concentré. Malgré la pression, il analyse les attaques de son adversaire. Le schéma se dessinait dans son esprit : le monstre visait toujours les points vitaux. Prévisible, donc exploitable.
Quand la griffe suivante fondit vers son cou, Ace para, anticipa le coup d'après, et plante Ulysse dans le genou de la créature. Un hurlement monstrueux résonna dans la forêt.
Ace profita de l'ouverture : il concentre ses flammes dans sa jambe droite et frappa d'un coup ascendant sous le menton de la créature. Le choc fit lever la tête du monstre et créa une onde de choc qui souffle la neige alentour.
Propulsé en l'air, Ace fit un salto et retira Ulysse du bras de la bête.Des flammes blanches et noires s'enroulèrent autour de la lame, vibrant d'une puissance croissante.À deux mains, il abattit l'épée sur son adversaire.
Une déflagration colossale jaillit de la lame et engloutit le monstre dans une explosion de lumière.La créature fut projetée à travers plusieurs arbres avant de s'écraser lourdement dans la neige, formant un cratère fumant.
Ace se posa, haletant, les ailes à demi déployées.Le monstre, lui, se releva lentement.Son corps était couvert de brûlures, mais elles se refermaient déjà sous les yeux d'Ace. Sa main, que la lame avait transpercée, se reforma entièrement.
Ace esquissa un sourire. Une idée venait de germer dans son esprit.Ulysse éclata de rire :
« Je vois à quoi tu penses… On ferait mieux de l'éloigner d'ici, si on ne veut pas réduire la forêt en cendres. »
Ace répondit d'un simple rictus. Ce sourire — le même qu'il avait contre Franky — n'annonçait rien de bon.
Le monstre rugit et fonça sur lui.Ace, toujours souriant, déploya brusquement ses ailes et fit disparaître son épée.Il se mit en position de sprint, comme un coureur prêt à s'élancer.
Puis il chargea.
Le choc fut titanesque.Leurs deux corps se percutèrent et s'arrachèrent du sol, traversant la forêt à une vitesse folle.Les arbres explosaient sur leur passage, déracinés par la violence de la collision.
Après un kilomètre, Ace prit soudain de l'altitude.Le monstre, agrippé à lui, rugissait furieusement.Ils montèrent, montèrent encore, jusqu'à dix mille mètres d'altitude.
Là, Ace replia ses ailes, stoppant net sa propre ascension.La créature, emportée par l'élan, fut projetée plus haut.Avant qu'elle ne s'éloigne trop, Ace lui saisit les chevilles et commença à tournoyer sur lui-même.Ils chutèrent ensemble, tourbillonnant dans les airs à une vitesse vertigineuse.
Puis, dans un rugissement, Ace relâcha sa prise.Le monstre fut projeté vers le sol, tandis qu'Ace ouvrit ses ailes et se stabilisa, suspendu dans le vent glacial.
Le blizzard redoublait d'intensité.Ace ferma les yeux, repensant aux paroles d'Ulysse pendant l'entraînement.Il tendit la main, et une petite flamme vacilla dans sa paume.
Le vent essayait de l'éteindre, mais Ace concentra son énergie, nourrissant doucement la flamme.Elle grossit, puis devint plus vive, plus chaude, jusqu'à faire fondre la neige autour de lui.Quand elle atteignit son point d'éclat, il l'enferma entre ses deux mains et commença à la modeler.
La flamme prit forme.D'abord une sphère, puis une flèche — fine, parfaite, vibrante d'énergie divine.Ace tendit son bras, trois doigts allongés, l'autre main tenant la flèche près de son visage, comme un archer céleste prêt à tirer.
En contrebas, le monstre tombait encore, ses innombrables yeux fixant le ciel.À travers les nuages, il aperçut une lumière blanche qui transperçait la tempête.
Il eut à peine le temps de comprendre.
Une lueur, un souffle, puis plus rien.