Les ombres poussèrent un cri strident et long avant de se crisper et de retourner à leur place comme si elles ne s’étaient pas levées pour combattre il y a quelque temps.
Imrân souffla doucement avant de ranger ses deux lames dans leurs fourreaux.
« Ce n’est même plus un défi équitable. »
Il connaissait cette chose impie comme sa poche, il l’avait combattue un nombre incalculable de fois et avait gagné et survécu tout autant de fois.
Elle n’avait plus aucun secret pour lui maintenant qu’il était nettement plus fort qu’elle.
Si avant il lui fallait des jours et des nuits pour en venir à bout, maintenant il pouvait le faire en quelques dizaines de minutes et sans même se blesser.
La bête impie était forte, si forte que sur l’île il n’y avait que lui, sa femme et son fils aîné qui pouvaient la combattre équitablement sans mourir si elle venait à lâcher toute sa puissance sans se retenir.
Sans un Haki hors du commun, combattre cette bête impie était difficile mais pas impossible.
Cela rendait juste la tâche plus complexe et ardue.
Après tout, elle était un défi pour le tombeau, pas une mise à mort.
C’est pour cela qu’il n’a jamais péri car elle n’a jamais été là pour le tuer mais plutôt pour le pousser dans ses derniers retranchements et voir s’il était digne d’essayer d’ouvrir le tombeau.
Mais cette même notion de défi a complètement disparu depuis qu’il était devenu plus fort qu’elle, alors maintenant dès qu’elle se sentait être en train de périr, elle se cachait dans les ombres pour se régénérer.
Se dépoussiérant les vêtements, Imrân soupira.
« Quoiqu’il en soit. »
Levant les yeux vers le tombeau, il commença à marcher avec confiance vers lui avant de sauter pour éviter de se mouiller avec le lac.
Atterrissant sur les premières marches, il leva les yeux et, d’un air sérieux, il les monta calmement petit à petit jusqu’à arriver à la dernière où il s’arrêta.
Il se retourna et regarda au plus profond du lac, là où la créature impie était en sommeil.
Voyant cela, il sourit d’un air satisfait avant de traverser la dernière marche.
Et c’était là que le deuxième défi entrait en jeu.
La créature impie n’était qu’un apéritif face à ce qui allait bientôt se passer.
Quelques secondes passèrent pendant qu’Imrân était immobile et sans expression.
Avant qu’il n’inspire soudainement et qu’il reprenne sa marche.
« C’est parti. »
Arrivant devant le tombeau, ses yeux devinrent extrêmement froids. Une tension omniprésente fit son apparition, l’air s’immobilisa et le monde cessa de respirer.
Une onde invisible se propagea du corps d’Imrân et des éclairs noirs et dorés apparurent à intervalles irréguliers.
Il leva doucement les mains avant de prendre une position de poussée.
Concentrant toute sa volonté dans ses mains, des stries d’éclairs noirs et dorés apparurent sur ses mains.
Imrân fronça les sourcils avant de former un sourire zélé.
« C’est le moment. »
Et il poussa de toutes ses forces vers le tombeau.
Un flash kaléidoscopique se propagea dans toutes les directions.
Et puis, tout implosa.
…
« Capitaine, t’es allé dans le mauvais sens. »
Déclara calmement Crocus, avachi au sol après avoir été lâché par Alexander.
Il n’avait pas pu lui dire avant car cet idiot allait bien trop vite pour que ses paroles ne soient pas coupées par le bruissement du vent.
Sacrée vitesse, sinon.
C’était la première fois que Crocus se déplaçait à une telle vitesse, tout se passa en moins de dix secondes mais il y a au moins plus d’une dizaine de kilomètres qui ont été parcourus.
Il ne pouvait certainement pas reproduire ce genre de vitesse sans aide extérieure.
Le capitaine est bel et bien un monstre sous peau humaine.
Alexander sourit d’un air penaud en s’excusant.
« Désolé… »
« Dans mon excitation j’ai pris le mauvais chemin. »
Crocus soupira avant de se masser le front.
« Ce n’est pas grave, on a juste à retourner sur nos pas. »
Se levant du sol, il se dépoussiéra ses habits.
« On y va ? »
« Ouais. »
ZZZZZZ VOOOOOOOOOOOOIIIIIINGGG—
Brusquement un son insonore arriva à une vitesse supérieure, amenant avec lui une onde de choc qui faillit déraciner les arbres.
Crocus prit appui sur une racine d’arbre en faisant de son mieux pour ne pas être emporté par le vent.
Tandis qu’Alexander mit un pied en avant en y mettant tout son poids pour rester stable.
Le souffle de l’onde de choc dura quelques secondes avant de disparaître et que tout redevienne calme.
Mais le calme ne dura que quelques instants avant que des tremblements de terre apparaissent en s’enchaînant les uns après les autres, répétitivement, pendant une bonne trentaine de minutes.
Le calme étant enfin revenu, Crocus posa sa main sur son cœur battant férocement avant de se tourner vers Alexander et de parler le plus calmement possible.
« Qu’est-ce que c’était que ça ? »
Le tremblement dans sa voix n’échappa pas à Alexander, mais il n’avait pas de réponse à cela.
Secouant la tête d’incompréhension.
« Je sais pas mais on doit vite retourner vers Imrân. »
« Pas besoin, je suis là. » dit soudainement une voix dans la forêt.
C’était Imrân.
Il avait quelques ecchymoses sur le corps mais rien de grave.
Le voyant, Crocus s’empressa de s’enquérir de la situation anormale qui venait de se dérouler.
« Ah ça ? Ne t’inquiète pas, c’est rien. » répondit simplement Imrân en riant. L’indifférence claire envers cette situation n’échappa pas à Crocus qui souffla de frustration.
Bien qu’il ait une idée de ce qui venait de se passer.
C’était juste lui qui se battait face à cette chose au tombeau.
C’était la seule hypothèse que Crocus fit et il était sûr que c’était cela.
Se retournant dans le sens d’où il était venu, Imrân se mit à marcher en leur tournant le dos.
« Alors vous me suivez au village ? »
« Évidemment ! Pour apprendre le Haki, c’est ça ? » dit Alexander calmement en marchant vers lui et le suivant. Crocus le suivit quelques instants après, en soupirant à quel point le monde était bizarre.
Imrân sourit malicieusement avant de déclarer en rigolant à gorge déployée :
« Tu vas voir, ça va être tout simple, Kayayayayayaya ! »
« Vraiment ? » demanda Alexander, le ton suspicieux. Si ce Haki était si simple que ça à apprendre, alors pourquoi il n’avait jamais croisé d’utilisateur de Haki ? Et aussi, si c’était si fort, comment cela pourrait-il être si facile à apprendre ?
Quelque chose est louche mais je ne sais pas quoi.
C’était frustrant, mais Alexander n’arriva pas à trouver ce qui clochait alors il haussa les épaules et suivit Imrân au village.
T’inquiète, ça va être facile, kekekeke.
Imrân avait hâte de tortur— d’entraîner Alexander pour qu’il défie le tombeau.
« Ça va être long. » se dit intérieurement Crocus en remarquant clairement l’air malicieux d’Imrân. Mais il ne dit rien, au risque d’y être lui aussi entraîné.
Ce n’est pas mon problème, se disait Crocus en détournant le regard d’Imrân.
…
En allant vers le chemin du village, Alexander, Crocus et Imrân firent rapidement de plus en plus connaissance.
Ils discutèrent de tout et de rien en même temps et, inévitablement, Imrân leur parla de la capacité spéciale de cette île.
« Tu veux dire que nous sommes actuellement en mouvement ? » demanda Alexander, les yeux scintillant d’excitation avant qu’une prise de conscience soudaine lui vienne à l’esprit.
« Nous ne sommes donc plus sur la première partie de Grand Line ? »
« En effet, on commence à se diriger vers Calm Belt. Et bientôt nous irons encore plus loin vers la deuxième partie de Grand Line avant de revenir en arrière vers la première partie de Grand Line. » déclara Imrân d’un ton décontracté.
« En combien de temps ? » demanda Crocus, espérant que cela ne prendrait pas beaucoup de temps.
« En combien de temps on fait le tour ? Un cycle se forme en six mois. Donc si vous voulez repartir de l’endroit où vous êtes montés, vous devrez attendre encore six mois, juste assez pour enseigner les bases du Haki, bien qu’un an soit préférable. Qu’est-ce que t’en penses, Alexander ? » demanda Imrân en regardant Alexander.
Alexander réfléchit quelques instants avant de secouer la tête.
« Six mois sont déjà un peu limite, sans parler de rester un an ici, ça serait trop. »
Rester six mois au même endroit était déjà assez difficile pour Alexander, qui avait soif d’aventure. Si ce n’était pas pour apprendre le Haki, il serait parti après quelques semaines sur cette île, quel que soit l’endroit où il tomberait.
Imrân soupira avant d’hocher la tête de compréhension.
« Alors on va faire de notre mieux pour tout vous apprendre en six mois, alors. »
L’expression de Crocus se figea légèrement.
« Nous ? On ? »
« Hein ? Tu ne comptais pas apprendre les bases du Haki ? » demanda Imrân en se tournant vers Alexander pour confirmer.
Alexander haussa les épaules de confusion avant de regarder Crocus.
« Tu ne veux pas apprendre le Haki ? Ça sera certainement utile et ça te sauvera même la vie peut-être. »
Crocus, devant ces deux regards pleins d’espoir, céda finalement avant de soupirer d’acceptation.
« Eh bien, pourquoi pas finalement. »
Lui aussi voulait devenir plus fort et il n’allait certainement pas se laisser distancer par Alexander et les autres. Surtout qu’il était actuellement le plus faible et de très loin.
Je ne peux plus être laxiste.
Sa vie était maintenant en jeu à chaque instant depuis qu’il était devenu pirate et avait décidé de suivre Alexander.
Alexander était heureux que Crocus veuille apprendre le Haki, il ne comptait pas le forcer. Il était après tout un médecin et s’il ne voulait pas se battre en première ligne, alors il le protégerait. C’était sa responsabilité en tant que capitaine.
Mais en voyant Crocus souhaiter devenir fort par lui-même, cela rendit Alexander assez fier.
J’ai fait le bon choix en te choisissant.
Un médecin qui peut se défendre aller être un atout de taille dans le monde sans merci de grand Line.
Imrân hocha la tête avant de sourire.
« Je suppose que les autres vont aussi l’apprendre, n’est-ce pas ? »
Alexander lui rendit son sourire.
« Normalement, on verra bien une fois au village si ils s’y sont. »
Et ainsi ils continuèrent leur discussion pendant une bonne demi-heure avant d’atteindre enfin le village de la tribu.
Passant devant les gardes, ceux-ci s’agenouillèrent en saluant respectueusement Imrân.
Imrân leur hocha la tête en continuant son chemin, suivi par Alexander et Crocus qui observaient leur environnement avant de tomber sur quelques personnes familières.
« Eh ! Les gars ! »
C’était Abdul et les autres, accompagnés d’une femme et d’un homme inconnus mais qui faisaient très certainement partie de la tribu.