"Et sinon, qu'est-ce que tu fais là ?" demanda Alexander en regardant intensément Imrân dans les yeux.
Quelques secondes s'étaient écoulées avant qu'Imrân ne détourne le regard vers la tombe.
"Conquérir cette tombe."
Un ton de confiance et de vérité indéniable était lié à ses mots.
Lui qui n'y était encore jamais parvenu n'avait en réalité jamais perdu espoir.
Alexander plissa les yeux avant de le pointer du doigt, perplexe.
"Mais tu n'en es pas digne, non ?"
Le dédain n'échappa pas aux oreilles d'Imrân, mais il se contenta de sourire.
"Et alors ?"
C'était de simple mots mais ils résonnèrent profondément en Alexander.
Et de la bouche d'imrâm, ces mots étaient encore plus puissant.
"En effet, et alors," répéta Alexander en laissant échapper un rictus satisfait.
Ce n'était pas parce qu'il en était pas digne qu'il devait abandonné. Alexander voulait juste voir jusqu'où l'entêtement d'Imrân aller l'amener.
Brusquement l'expression d'Imrân se durcit, changeant complètement l'atmosphère, une tension indéniable et immanquable se fit rapidement sentir.
Alexander fronça les sourcils devant cela.
"Qu'est-ce qu'il y a ?"
Un moment, il souriait avec lui, puis soudainement, il laissait place à cette expression froide.
Il change trop vite, c'est pas normal, pensa Alexander.
"Vous allez devoir partir."
"Ça va vite devenir trop dangereux. Ma vie sera en danger constant, sans parler de la vôtre, alors suivez juste ce chemin et vous retrouverez vos amis dans le village," déclara Imrân en pointant du doigt une direction.
Ils ont pris contact avec les autres, pensa Crocus.
Avant de soupirer et de regarder Alexander.
"On y va ? Ou on reste ?"
Le choix ne lui revenait pas, car bien qu'il sache qu'il pouvait partir sans qu'Alexander ne lui en tienne rigueur, il ne voulait pas le laisser seul ici.
L'expression d'Alexander se durcit avant de regarder droit dans les yeux d'Imrân.
"Tu es sûr de ce que tu avances ?"
Depuis le début, Alexander sentait quelque chose de bizarre dans cette tombe. Quelque chose qu'il ne pouvait pas encore comprendre, quelque chose qui était au-delà de sa compréhension.
Au final, il était encore trop faible, et bien que ce soit frustrant, Alexander savait quand il fallait reculer et quand il fallait avancer.
C'est pourquoi il s'abaissa à demander une dernière fois à Imrân son avis sur la question.
L'expression d'Imrân s'adoucit légèrement.
Il est encore jeune après tout, pensa Imrân.
"Ton Haki est bien trop faible, Alexander. Quand tu auras un Haki assez décent, tu pourras défier la créature qui défend le tombeau, et peut-être, je dis bien peut-être, tu survivras pour raconter le combat."
"Haki ? Qu'est-ce que c'est que ça encore ?" demanda Alexander, les yeux scintillant de curiosité et de confusion.
Il n'avait encore jamais entendu ce terme de Haki, mais pourtant, il sentait que c'était très important, peut-être la chose la plus importante s'il voulait réaliser ses objectifs.
Peut-être que c'est ce qu'il me faut.
"Tu ne sais pas ? C'est pas grave, après avoir fini ici je te l'apprendrai si tu veux !"
Après y avoir longuement réfléchi, Imrân avait décidé d'entraîner Alexander. En fait, il l'avait décidé depuis le moment où il l'avait croisé.
Depuis ce moment où Alexander avait essayé de grimper la tombe.
Il savait qu'Alexander n'était pas juste un autre pirate, alors il l'observa de plus près et se rendit compte que, bien qu'il ait une quantité presque indécente de volonté, il ne savait pas comment l'utiliser.
Un gaspillage, c'était ce que c'était.
Un énorme gaspillage, et Imrân ne comptait pas laisser un tel diamant brut rester ainsi.
"Vraiment ?! Reviens pas sur tes mots hein ?! Je t'attends au village !!!" rugit Alexander avant de dévaler à toute vitesse en traînant Crocus par le col.
Imrân sourit d'excitation en pensant à l'entraînement qu'il allait lui faire subir, avant de se figer brusquement.
"Ce salaud s'est trompé de chemin !"
Quel idiot peut faire ce genre de chose, putain !
Frustré, Imrân reprit vite son calme et sa concentration d'antan.
"J'irai le récupérer après ça."
De toute façon, quel que soit l'endroit où il ira sur l'île, il pourra le sentir avec son Haki en l'élargissant dans toutes l'île.
Une chose aisé pour un homme de son calibre.
Le Haki n'avait plus aucun secret pour Imrân, qui avait passé les trois dernières dizaines d'années à combattre une créature impie pour sa vie.
Dégainant ses deux fidèles lames, Soranohime, la princesse du ciel, et Tengoku no Oji, le prince du ciel, deux grandes lames figurant parmi les 21 Ô Wazamono, il les induisit férocement de Haki. Une pression aussi vaste que la mer se déchaîna dans les alentours, affectant tout sur son passage.
Le sol craqua légèrement et les arbres se mirent à se déraciner du sol.
TZZZZ—
Des stries d'éclairs noir et rouge se déchaînèrent autour de lui et de ses deux lames, qui avaient maintenant pris une couleur noire métallique avec un film rouge orangé les entourant.
TZZZZZ—
Pas à pas, il arriva devant le lac.
L'expression zélée et un sourire sauvage se dessinèrent sur son visage.
"Ça faisait longtemps, salaud."
Simultanément, les ombres tout autour devinrent encore plus profondes et terrifiantes.
Elles ne semblaient plus avoir de fin.
Toute lumière qui s'en approchait ne pouvait que disparaître et faire partie de cette obscurité qui était devenue omniprésente.
Et dans ces circonstances effrayantes, une silhouette de plus d'une dizaine de mètres commença à s'élever de sous le lac.
L'obscurité semblait accompagner chacun des agissements de cette bête : un long bec pointu et des plumes noires obsidiennes étaient tout ce qui était visible.
"C'est parti," murmura Imrân avant de s'élancer à une vitesse vertigineuse vers la bête, les deux sabres courbés au-dessus de sa tête.
Enduit densément de tout son Haki, il voulait vite en finir pour chercher Alexander.
Les yeux brillants de netteté, la créature impie s'élança elle aussi vers Imrân à une vitesse qui dépassait l'entendement.
Et à l'impact, l'enfer se déchaîna une énième fois sur l'île.
…
Après 30 minutes de route, Astrid et les autres étaient enfin arrivés au village de la tribu.
Le village était protégé par une grande porte en bois renforcé ; elle était actuellement grande ouverte et deux gardes étaient postés à chaque extrémité.
Passant devant eux, ils hochèrent simultanément la tête sans dire un mot.
Le village était tout ce qu'il y avait d'habituel : des maisons, des routes pavées en pierre, des tavernes, des arènes de combat, des magasins d'alimentation et d'objets divers, et même des magasins spécialisés pour la chasse.
"Vous êtes assez bien lotis ici," déclara Alger, impressionné par la diversité du village.
En venant ici, il s'attendait à trouver un simple village, mais il trouva encore plus en arrivant.
Il y avait même leur bateau—
"Attends, quoi ?! Pourquoi diable notre navire est-il au milieu du village ?!" rugit Alger, les yeux sortant de leurs orbites.
Astrid cligna des yeux quelques instants, confuse, avant de se souvenir de quelque chose et d'éclater de rire.
"Hein ? Oh, ça ? J'ai envoyé un de mes hommes de confiance pour prendre soin du navire, mais il semblerait qu'il l'ait amené directement au village, tahaha tahaha !"
"Et Delilah…" murmura intérieurement Abdul en essayant de la chercher parmi les personnes dans le village.
Connaissant le fruit de Delilah, elle ne devrait pas passer inaperçue si elle se battait, et en plus le navire ne semblait avoir subi aucun dégât dû à des explosions.
"Soit il n'y a pas eu de combat, soit elle a été exécutée très rapidement."
C'étaient les actuelles conjectures d'Abdul, mais il n'était pas inquiet car Astrid n'était pas du genre à attaquer sournoisement.
Du moins, c'est ce qu'Abdul avait compris de son caractère.
"Et notre coéquipière ?" demanda Alger en fronçant sévèrement les sourcils.
Les yeux d'Astrid clignotèrent quelques instants de rouge avant qu'elle ne tourne la tête vers une direction et ne la pointe du doigt.
"Elle semble être en train de cuisiner quelque chose dans le restaurant là-bas,"
"C'est votre cuistot ?" Demanda t-elle curieusement.
Alger hocha la tête, soulagé que Delilah soit en bonne santé et qu'elle cuisine même dans cette situation.
Brusquement, Astrid tourna la tête vers l'Est et fronça les sourcils.
Abdul et Alger la regardèrent avec confusion.
"Qu'est-ce qu'il y a—"
VRRRRRRRRRR-
VRRRRRRRRRR-
Un énorme tremblement de terre se fit ressentir au même moment.
Le ciel lui-même tremblait, et les arbres s'agitaient comme s'ils pouvaient s'envoler d'un instant à l'autre.
"Putain !" Alger ne s'attendait pas à croiser de telles situations sur une île dans le ciel.
"Même le ciel est sujet aux tremblements de terre alors," murmura-t-il intérieurement, clairement confus de comment cela était possible.
"Calmez-vous, ça va bientôt passer," déclara Astrid en mettant sa main sur l'une de ses épées.
Elle ne semblait pas du tout stressée par la situation, comme si c'était une chose habituelle pour elle et pour les autres membres de la tribu, qui eux non plus ne stressaient pas.
Ils donnaient l'impression d'être préparés à ce genre de situation, car même leurs maisons n'avaient pas bougé d'un iota.
Signe d'une construction basé sur de telle danger.
Le tremblement de terre avait duré une bonne trentaine de minutes avant de s'arrêter.
Reprenant enfin son souffle, Alger leva les yeux vers Astrid.
"Qu'est-ce que c'était que ça-
"Quelqu'un ou quelque chose était en train de se battre, n'est-ce pas ?" dit soudainement Abdul en coupant la parole à Alger.
Durant tout le tremblement de terre, Abdul avait trouvé quelque chose d'incohérent.
Il ressentait des sortes d'ondes sismiques, mais elles n'étaient pas du tout naturelles car c'était comme si ces mêmes ondes se heurtaient continuellement.
Essayant de se dominer les une les autres, cela pour lui ressemblait plus à un combat à une échelle plus grande.
Car ce n'est certainement pas de cette manière qu'un tremblement de terre fonctionne.
Astrid enleva sa main de son épée avant de sourire d'un air fier en regardant Abdul.
"En effet, c'était un combat."
L'expression d'Alger vacilla en entendant cela.
"Ça recommence, les problèmes recommencent."
Ignorant complètement Alger, Abdul continuait de fixer Astrid en attendant qu'elle poursuive ses explications.
Mais le destin avait d'autre projet.
"Hé ! Abdul ! Alger !" cria soudainement une voix venant du village.
Ils n'avaient même pas besoin de se retourner pour savoir à qui appartenait cette voix.
C'était leur cuistot et deuxième commandant de l'équipage d'Alexander le Grand : Rosenberg D. Delilah.
Arrivant devant eux, Delilah était vraiment contente de les revoir.
Depuis qu'ils l'avaient laissée pour surveiller le bateau, elle avait exploré tous les alentours et goûté à tout ce qui pouvait être goûté avant de s'ennuyer.
Du moins, jusqu'à ce qu'un certain Kalil vienne à sa rencontre pour l'inviter au village de leur tribu.
Prétendant que ses autres coéquipiers allaient certainement être invités eux aussi.
Ne sentant aucune mauvaise intention de sa part, Delilah fit rapidement connaissance avec lui et accepta de l'accompagner au village.
Seul problème : le bateau.
Qui allait le surveiller si elle quittait son poste ?
Et c'est là que Kalil eut un coup de génie et décida de littéralement porter le bateau sur son dos en avançant vers le village avec.
Comme ça, Delilah ne pourrait pas quitter le bateau des yeux et elle pourrait visiter le village de la tribu.
C'était un plan parfait.
Parfait !
Même elle n'aurait pas pu penser à un tel plan tellement il était absurdement logique et simple.
Pourquoi n'y ai-je pas pensé ?
Elle se sentait vraiment idiote d'avoir laissé passer un tel plan dans sa tête.