Il était une fois un jeune homme gentil et aimable nommé Holios. Il vivait dans une ville tranquille, un endroit aux allures presque parfaites. Un jour, alors qu'il marchait près du quartier central, il aperçut une jeune fille en détresse. Trois voyous s'approchaient d'elle avec des intentions menaçantes.
Sans hésiter, Holios courut vers eux.
— Hé ! Laissez-la tranquille !
Il se jeta dans la mêlée, se battit avec courage, encaissa plusieurs coups, mais finit par les faire fuir. Essoufflé et blessé, il tendit la main à la jeune fille.
— Tu vas bien… ?
Elle hocha la tête, tremblante, et le remercia d'une voix douce.
Holios sourit.
Ce qu'il ne savait pas… c'est que tout ceci n'était qu'un piège orchestré depuis le début.
Quelques jours plus tard
Un matin, Holios reçut une convocation de la police. Inquiet mais sans crainte, il se rendit au commissariat.
— Pourquoi suis-je convoqué ? demanda-t-il.
Le policier le fixa avec gravité.
— Mon garçon, vous êtes accusé d'agression envers une jeune fille… et de violence sur trois jeunes hommes.
— C'est n'importe quoi ! s'écria Holios. J'ai défendu cette fille ! Je l'ai protégée !
— Vous expliquerez cela à la juge, répondit froidement l'agent.
On le fit entrer dans une salle de tribunal. Des gens étaient déjà présents : la jeune fille, les trois garçons, le juge, et quelques témoins.
— Avancez, déclara le juge. Monsieur Holios, 17 ans, vous êtes accusé de tentative d'agression sur cette jeune fille et de violence sur trois jeunes hommes.
— C'est faux ! cria Holios. J'ai aidé cette fille !
Il chercha du regard dans la tribune. Ses yeux croisèrent ceux de la jeune fille.
— Dis la vérité ! supplia-t-il. Dis que ce sont eux qui mentaient !
La fille s'avança. Elle était étrangement silencieuse. Puis, d'une voix tremblante, elle déclara :
— Oui, monsieur le juge… C'est bien cet homme, Holios, qui a voulu m'agresser…
Holios, choqué, hurla :
— Tu mens ! Je t'ai sauvée, je ne t'ai rien fait !
Le juge frappa son marteau.
— Monsieur Holios, au vu des témoignages, je vous déclare coupable.
Holios regarda la foule. Il vit les garçons sourire, la fille baisser la tête. Et à ce moment précis… il comprit. Tout était un piège.
— Pourquoi… moi ? Je n'ai rien fait pour mériter ça…
— Emmenez-le, déclara le juge.
On le menotta. Holios fut envoyé en prison.
De l'autre côté du tribunal
Dans un couloir à l'écart, le juge reçut une enveloppe pleine d'argent.
— Merci, jeune maître de la famille Béliol, dit-il avec un sourire.
Le jeune noble inclina légèrement la tête.
— Merci à vous, monsieur le juge.
Il rejoignit les trois garçons.
— Nous avons gagné, les gars. Ce minable ne pourra plus jouer les héros au lycée. Nous allons enfin pouvoir nous emparer d'Ellena.
Tous éclatèrent de rire, comme des pervers détraqués.
Puis le jeune maître tourna la tête vers la fille.
— Tu as bien travaillé, Camille.
Elle ne répondit pas. Des larmes coulant le long de ses joues, elle s'enfuit en courant… sans rien dire.
Quelques jours plus tard
L'affaire fut rendue publique. Tous commencèrent à renier Holios. Même sa propre famille ne crut plus en lui.
Seule Ellena, une camarade de classe discrète et sincère, gardait encore foi en lui.
Dans sa cellule, Holios reçut une visite.
Il se précipita vers le téléphone du parloir.
— Bonjour maman, bonjour papa… Bonjour soeurette. J'espère que vous allez bien. Je suis désolé si je vous ai causé du tort…
Mais ce fut sa sœur qui répondit, la voix dure :
— Nous sommes venus ici pour rompre tout lien avec toi. On ne veut plus te voir. Laisse-nous tranquille.
Holios écarquilla les yeux.
— Ce… ce n'est qu'un mensonge…
Mais en regardant le visage de ses parents, il comprit. Ils étaient déçus. Et ils ne croyaient plus en lui.
Il raccrocha lentement.
— Gardien… ramenez-moi dans ma cellule. Ce sera mieux que de subir ça.
Il tourna le dos. Son père le regarda partir.
— Tu es vraiment un lâche…
Holios ne répondit pas. Il marcha jusqu'à sa cellule, s'assit au sol… et fixa le vide.
Midi. Heure du repas.
Un plateau glissa dans la cellule. Un repas fade. Froid. Dégueulasse.
Holios pleura en mangeant. Il vit alors un couteau en plastique, brisé, mais assez tranchant.
Une pensée sombre naquit en lui.
Il le prit dans ses mains.
— …Désolé, Ellena…
Et dans un dernier sanglot, il se planta la gorge.
Mais quelque chose d'étrange se produisit.
Ce n'était pas comme il l'avait imaginé.
Il ne voyait pas la lumière… mais des abysses noires.
Rien ne s'écoulait de sa plaie.
— Suis-je vraiment… maudit ?
Une présence apparut alors.
Une créature. Non, une entité.
Si noire qu'on ne pouvait rien distinguer, sauf une mâchoire acérée… et des yeux de chat.
Elle s'approcha.
— Tu as énormément souffert.
— Comment tu sais ça ? murmura Holios.
— J'ai tout vu. Et je te le demande : veux-tu te venger de ceux qui t'ont détruit ?
Holios baissa les yeux.
— J'imagine que je dois vendre mon âme…
La créature éclata d'un rire froid.
— Tu me prends pour un démon ? Je suis bien plus que ça.
— Tu es quoi alors… ?
— Tu peux me qualifier de… dieu. Ou du moins, dans votre langage. Je suis l'ennemi de tous les autres. Fusionne avec moi… et obtiens la justice par la vengeance.
Holios, brisé, tendit la main.
— …Très bien.
Une douleur insoutenable le déchira. Il hurla. Son corps changea.
Six ailes noires jaillirent de son dos.
Ses mains devinrent aussi noires qu'un abîme. Ses yeux brillèrent comme ceux d'un fauve dans la nuit.
Il retomba à genoux… en larmes.
Puis il rouvrit les yeux.
Il était revenu sur Terre, dans la prison, mais son corps avait changé.
Il leva la main.
Le ciel devint noir comme les enfers.
La panique s'empara des gardes.
Dans le chaos, il s'échappa. Avant de partir, il prononça ces mots :
— Je détruirai ce monde… Je ferai connaître aux autres la souffrance que j'ai endurée.
Et puis Holios s'enfonça dans la forêt noire.