Les portes de Vanyr s’ouvrirent lentement, résonnant comme un tonnerre dans la montagne. Une brume froide s’éleva des pierres enchantées alors que la délégation de Kael franchissait le seuil.
Mais cette fois, il n’était pas seul.
Derrière lui marchaient les enfants de la Cendre.
Leur arrivée bouleversa la cité. Des silhouettes effilées, des regards perçants, des corps marqués par les flammes et la haine. Certains portaient des tatouages de feu vivant, d’autres des masques d’ombre. Une aura lourde les accompagnait, née de siècles d’exil et de survie.
Les citoyens de Vanyr, méfiants au début, s’écartèrent pour les laisser passer. Puis ils virent les regards échangés, les mains tendues, les liens invisibles entre Kael et ces nouveaux alliés. Ils comprirent. Ces êtres n’étaient pas des intrus : ils étaient comme eux.
Le soir même, Kael convoqua un conseil dans la salle centrale du Trône de l’Aube Noire. Les membres fondateurs de la cité étaient présents : Sira, Ira, Velm, le général d’acier Althren, la mage des songes Lysna… et désormais Liryss, cheffe du Clan des Cendres.
Liryss prit la parole :
Liryss : « Nous avons erré dans les ruines pendant des siècles, sans but, sans avenir. Mais votre cité… elle est vivante. Et vous, Kael, vous portez un feu plus ancien que le nôtre. Nous marcherons avec vous. »
Kael hocha lentement la tête.
Kael : « Alors, à partir d’aujourd’hui, vos guerriers formeront le Cœur Ardent. Une division spéciale de la Garde Noire. Vous ne serez plus des survivants. Vous serez les piliers de notre résistance. »
Avec l’aide de Therrak, le colosse du feu, Kael lança une refonte complète de l’armée de Vanyr. La magie des Cendres fut intégrée dans l’armement et les techniques. Des lames de feu noir furent forgées. Des arbalètes à flamme liquide. Des armures vivantes résistantes aux attaques élémentaires.
Le camp d’entraînement devint un fourneau sacré. Les jeunes hybrides affluaient pour apprendre la maîtrise du feu, de l’ombre… et du sceau.
Et Kael, lui, poursuivait en secret son entraînement : la fusion de ses nouveaux pouvoirs, issus de la récente évolution du sceau.
Lors d’un rituel ancien, Kael se tint au centre de la place publique. Tous les habitants de Vanyr étaient réunis. Les nouveaux venus, les vétérans, les enfants.
Il grava un symbole dans la pierre : une flamme traversant une chaîne brisée.
Kael : « Ce n’est plus seulement une ville. C’est une promesse. Aucun hybride, aucun rejeté, aucun oublié ne vivra plus jamais dans la peur. Nous avons une maison. Et quiconque la menacera… goûtera à notre vengeance. »
Le sol trembla. Le sceau sur son bras brûla brièvement, révélant une nouvelle rune.
Mais au loin…
L’espion, revenu dans l’Empire, s’inclina devant un trône d’or blanc. Les flammes célestes dansaient dans l’air.
Une voix froide s’éleva.
??? : « Kael, donc. Il reconstruit une armée… une ville… une idéologie. Il faut l’écraser avant qu’il ne devienne un fléau. »
Les Chevaliers Sacrés furent convoqués.
La guerre était proche de recommencer.
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Vanyr grandissait dans l’ombre, mais Kael savait que l’isolement ne durerait pas. Il fallait des alliés, des pactes, des serments. Et cette fois, son regard se tournait vers l’Est, au-delà des marais hantés et des montagnes pourpres : un territoire interdit, une légende parmi les hybrides… le Domaine du Néant.
On racontait qu’un ancien clan y survivait. Des hybrides d’un genre rare, presque mythiques : les Fils du Néant, mi-humains, mi-entités du Vide, nés de pactes interdits avec des forces oubliées. Ni vampires, ni démons, ni simples humains. Des êtres entre deux mondes, dotés de pouvoirs imprévisibles, liés au néant pur.
Kael prit avec lui une escorte réduite :
Sira, pour sa finesse mentale et son sens stratégique.
Lysna, la mage des songes, capable de repérer les anomalies dimensionnelles.
Tahrim, un éclaireur spectral récemment recruté.
Et Kael lui-même, car seul son sceau semblait capable de briser les sceaux dimensionnels des frontières du Vide.
Le voyage fut différent de tout ce qu’ils avaient connu. À mesure qu’ils s’approchaient du territoire du Néant, le monde semblait... instable.
Les couleurs se distordaient. Le ciel devenait noir même en plein jour. Le sol tremblait sans raison. Des murmures résonnaient dans l’air, comme si le temps lui-même hésitait à avancer.
À l’entrée d’une ancienne cité engloutie, le groupe fut accueilli par une silhouette flottante, vêtue de bandelettes sombres et sans visage. Une voix mentale s’imposa à eux :
??? : « Vous n’avez pas le droit d’être ici. Tournez-vous ou disparaissez. »
Kael avança. Son sceau s’illumina d’une lumière blanche étrange, différente de sa lueur habituelle.
Kael : « Je viens pour parler. Pas pour commander. Nous sommes les mêmes. Et j’ai besoin des vôtres. »
Un silence. Puis la silhouette s’évapora, et une faille s’ouvrit dans l’air, les avalant tous.
Ils se retrouvèrent dans une cité souterraine suspendue dans l’obscurité. Des ponts d’énergie reliaient les bâtiments. Des enfants aux yeux entièrement noirs jouaient en silence. Des moines aux visages masqués flottaient dans l’air. Tous s’arrêtèrent à la vue de Kael.
Ils furent amenés à Val’Nahr, l’Ancien du clan. Son corps semblait fait de pierre noire et de flammes froides.
Val’Nahr : « Le Vide nous a cachés. Pourquoi devrions-nous en sortir ? Le monde nous a trahis. »
Kael s’inclina, pour la première fois devant un autre hybride.
Kael : « Le monde vous a oubliés. Pas moi. Je construis un avenir. Pas un royaume de guerre, mais une arme de justice. Joignez-vous à nous. Ou laissez le chaos régner seul. »
Val’Nahr observa le sceau sur son bras, puis posa ses doigts dessus.
Val’Nahr : « Ce que tu portes n’est pas un simple pouvoir. C’est un fragment d’absolu. Il te tuera… ou te transformera. Nous t’aiderons. Mais en échange, tu devras nous permettre de veiller sur lui. »
Le pacte fut scellé dans une ancienne crypte, sous la forme d’une rune gravée dans la chair de Kael. Un deuxième anneau apparut autour de son sceau. En retour, cinquante Fils du Néant le suivraient, menés par une guerrière nommée Nyss, capable de manipuler la gravité et d’effacer sa présence même des souvenirs.
Au retour à Vanyr, la présence des Fils du Néant sema l’étrangeté. Même les membres du Clan des Cendres les regardaient avec une crainte instinctive. Kael les plaça dans une zone à part : la Tour Silencieuse, où ils pourraient vivre selon leurs lois tout en servant la cité.
Mais une nuit, alors que Kael méditait, Nyss entra sans bruit.
Nyss : « Ton sceau change encore. Quelque chose approche. Une entité ancienne. Et elle t’a senti. »
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Les nuages au-dessus de Vanyr s’étaient assombris. Non pas à cause de la pluie, mais comme si le ciel retenait son souffle. L’air était chargé. Le sol tremblait parfois, sans raison. Et les Veilleurs des Hautes Tours signalèrent une approche.
Mais ce n’était pas une armée.
C’était une marée de fuyards.
Des centaines d’hybrides, blessés, effrayés, exténués. Des femmes portant des enfants inconscients. Des vieillards en lambeaux. Des guerriers sans armes. Tous venaient de l’Est, d’un territoire peu exploré par Kael : les Marches Rouges, là où le Royaume Démoniaque mène ses guerres internes.
À la tête du groupe : une femme, mi-démone mi-humaine, appelée Zarka. Son regard était brûlant, mais ses traits trahissaient l’épuisement. Kael descendit lui-même jusqu’à la plaine pour la rencontrer.
Zarka : « Ils sont venus avec des chaînes. Non pas les humains, mais… nos propres rois. Ils veulent purger les sangs mêlés. Une croisade. »
Kael : « Le Roi Démon lance une purge ? Pourquoi maintenant ? »
Zarka : « Parce que l’Empire bouge. Ils ont signé un petit pacte secret. Un échange : des informations contre notre extermination. »
L’annonce glaça les cœurs du conseil. Un accord entre le Royaume Démoniaque et l’Empire humain ? Deux des trois grandes puissances s’unissant pour éradiquer les hybrides ?
Kael comprit : il n’avait plus le temps.
Mais Vanyr n’était pas encore prêt à accueillir autant de réfugiés. Il ordonna la création immédiate d’un quartier provisoire, sous la garde du Clan des Cendres. Liryss accepta sans hésiter, voyant en ces âmes perdues le reflet de son propre passé.
Mais tout n’était pas simple. Parmi les nouveaux venus se trouvaient des corrompus — des hybrides dont l’énergie magique avait été souillée par des rituels démoniaques. Certains hurlaient la nuit. D’autres semblaient... vides, comme des coquilles.
Sira, inquiète, en confia un à Nyss.
Nyss : « Ce n’est pas de la magie démoniaque. C’est plus ancien. Quelqu’un… quelque chose… réécrit leur essence. »
Le sceau de Kael réagit violemment en présence d’un de ces corrompus, révélant un symbole inconnu – une flamme inversée, bordée de chaînes.
Un Appel Urgent
Kael réunit ses commandants.
Kael : « Ce n’est plus une guerre de territoire. C’est une guerre d’identité. L’Empire, les Démons, tous ont peur de ce que nous représentons. Mais il y a plus… quelqu’un manipule les deux camps. Quelqu’un lié à ce sceau. »
Il décida alors : une délégation diplomatique partirait vers les frontières du Royaume Démoniaque, pour comprendre la vérité derrière cette purge et identifier qui tirait les ficelles.
Et lui, en parallèle, entamerait une quête dans le désert spectral, là où le sceau semblait l’attirer à nouveau.